20 mai : du cercle polaire arctique aux Lofoten

Hier soir, j'ai indiqué 7:05:13 sur mon bulletin de participation au concours de pronostic de l'heure du franchissement du cercle polaire ce matin. Donc, je me lève relativement tôt vers 6:10 afin d'être sur le pont pour cet événement et ma première photo de 2 montagnes caractéristiques que je retrouve avec plaisir est horodatée de 6:35. J'aime beaucoup les paysages dans lesquels naviguent les express côtiers lors de cette matinée du franchissement du cercle polaire vers le nord. Il y a en prime bien souvent une belle lumière sur la mer, pratiquement tout le temps lisse comme un lac, un vrai miroir.

7:01, "Le Cavalier" d'Hestmannøy  est visible maintenant tout là-bas au nord alors qu'à l'horizon vers l'océan, les magnifiques montagnes de l'archipel de Træna (regardez les courbes de niveau de Trænstaven, une des montagnes ; voir aussi l'image satellite en cliquant sur « Flyfoto ») semblent posées sur l'horizon, directement sur la mer à 30 ou 40 km de la route du MS Kong Harald. Leur photo illustrait la couverture de la 7e édition en 1500 exemplaires en 2002 de la brochure Hurtigruten distribuée à bord. Træna est aussi connu pour son festival se déroulant notamment dans les grottes au flanc des montagnes (vidéos sur Arte - article de Telerama). Que j'aime l'esthétique de ces montagnes ! D'autant plus que même s'il fait très beau ce matin, la distance en trouble un peu la vision, comme un léger brouillard.

7:13 et nous n'avons toujours pas franchi le cercle polaire… Je ne serai pas le gagnant du concours de pronostic. En fait, selon mon appareil photo, on le franchit 9 à 10 minutes plus tard que mon pronostic. Je trouve qu'il n'y a pas grand monde sur les ponts extérieurs mais les coups de corne rameutent, mais trop tard, d'autres passagers. À peine la ligne franchie, je vais prendre mon petit déjeuner… grosse erreur ! Il y a plusieurs options de route dans ce secteur et par les vitres du restaurant, je vois défiler très près du bateau le rivage abrupt de très nombreux îlots entre lesquels nous slalomons pendant 10 à 15 minutes et notamment la ferme aquacole, installée dans l'ancien comptoir de Selsøyvik, que je photographie [en principe !!] à chaque passage (carte marine - photo de 2005). J'aurais dû regarder la carte de mon GPS pour voir que nous allions vers des petits chenaux au milieu d'un archipel et non vers une route par un détroit nettement plus large et beaucoup moins intéressant.

8:21, à nouveau sur le pont pour voir le départ de l'excursion à bord du catamaran Alba vers le glacier Svartisen alors que tout là-bas au nord se profile le MS Finnmarken en route vers le sud. Les 2 navires se croisent à très petite vitesse, pratiquement encore arrêté pour le MS Kong Harald, sur une mer d'huile. Même si les cornes de brume sont mises à contribution, je trouve que les passagers ne se montrent pas très coopératifs pour saluer ceux d'en face que ce soit sur l'un ou l'autre navire. J'ai en mémoire de nombreux souvenirs de telles rencontres avec moult draps et serviettes agités par les passagers et le personnel hôtelier.

Vers 9:30, nous arrivons, en retard sur l'horaire, à Ørnes accueillis par un groupe de bambins en chasuble jaune fluo. La bourgade est dominée par une chaîne de montagnes à nouveau caractéristiques et on devine bien les conséquences de l'érosion des glaciers dans leur forme en U. Au fait, je préfère la version enneigée de ces montagnes. Au fait [bis], si ce matin j'ai apprécié mes moufles/mitaines, maintenant je m'en passe très bien :).

Puis à 10:20, en route vers Bodø, je cherche et retrouve à nouveau avec plaisir des paysages bien présents dans ma mémoire et notamment la langue de terre basse reliant une île au continent que vous pouvez voir sur les photos 36 et 37 de la galerie ; l'île aux falaises caractéristiques que vous pouvez voir sur le panorama numéro 39. Tout cela, vous pouvez aussi le voir depuis un sommet (sans doute le sommet encore enneigé du panorama n° 34) dominant « la langue de terre basse » sur le panorama 360° de kristoffer Spigseth.Pivotez y avec votre souris :l'île du panorama numéro 11 est derrière, à droite de l'adolescent sur le panorama 360° (+ d'explications et une video sur mon blog).

Nous arrivons à Bodø à l'heure prévue. Je déjeune puis je classe mes photos sur mon MacBook.


Il bruine quand à 15:00 le navire quitte le quai de Bodø et je m'accorde donc une petite sieste pendant la traversée du Vestfjord (fjord de l'ouest) et je me réveille vers 16:00 pour voir que nous naviguons dans un brouillard, certes pas très épais mais bien présent quand même. Je me lève juste à temps pour apercevoir tout là-bas à l'arrière le phare de Landegode dans le brouillard (voir sur norgeskart.no). Quelques instants plus tard, un message annonçant que nous allons croiser le plus ancien bateau norvégien est diffusé et, avec d'autres passagers, je me retrouve à l'arrière du pont 5, à l'abri du crachin et du vent, afin de guetter ce navire. Les minutes passent et toujours rien en vue… Finalement, une autre annonce nous informe que le croisement a bien eu lieu mais… dans le brouillard, juste visible sur l'écran du radar :). Je retourne dans ma cabine poursuivre la lecture des Racontars Arctiques de Jørn Riel que je vous recommande.

18:00, le téléphone sonne pour me réveiller en prévision de l'arrivée devant le mur des Lofoten. La visibilité est bien meilleure que tout à l'heure et nous apercevons en partie les montagnes barrant l'horizon à l'ouest. Apparemment, et je l'espère, le ciel est en train de se dégager. 18:42, il fait 7° sur le pont 5.

Comme bien souvent au cours de mes précédents voyages, l'arrivée à Stamsund se fait sous un ciel plus ou moins couvert et au plafond nuageux relativement bas cachant en partie le sommet des montagnes. C'est l'heure du dîner pendant l'escale.

20:23, nous sommes en route vers Svolvær et passons actuellement devant Henningsvær sous une très belle lumière générée par les « fontaines » perçant le plafond des nuages.

Alors que nous approchons de notre prochaine escale, le MS Polarlys apparaît entre les récifs et îlots, nombreux au large de Kabelvåg. Le ciel se dégage de plus en plus quand nous le croisons. J'espère que cette amélioration va continuer en vue de la traversée du Raftsund et de notre incursion dans le Trollfjord en fin de soirée, tout à l'heure.

Nous arrivons à Svolvær à l'heure prévue en passant notamment devant la femme du pêcheur, sculpture surmontant la balise verte de l'entrée du port. Pendant l'escale, je pars pour une petite balade sur les quais et vers l'îlot où est construit l'hôtel Rica essentiellement constitué de rorbuer (anciens abris de pêcheurs ; en fait, ils étaient en construction lors de mon premier voyage en 1999). Tiens, l'Aztec Lady est amarrée à un ponton.

Après 1H d'escale, le navire quitte le port en passant notamment devant quelques séchoirs encore largement pourvus de leurs morues et je remarque également sur un quai en bois de l'autre côté du port l'amoncellement des sphères en plastique jaune constituant les flotteurs d'une énorme senne.

Bien sûr, le clou de la soirée est le franchissement du Raftsund. Lors de mes précédents voyages, il faisait évidemment nuit à ce moment-là et j'espérais bien le traverser sous une belle lumière de soleil de minuit même si bien sûr, il n'est pas visible compte tenu de l'encaissement de ce fjord. En fait, le ciel ne s'est que partiellement dégagé et c'est dans la pénombre que nous entamons cette navigation qui se révélera toutefois splendide.

En effet, j'apprécie beaucoup l'ambiance générée par cette lumière, plus ou moins de crépuscule, lorsque nous pénétrons dans le Trollfjord au ralenti. Pratiquement pas de bruit à l'avant du pont 5 même si nous y sommes relativement nombreux. Ah oui, j'allais oublier, la soupe de poisson servie tout à l'heure à 23:00 au pont 7 était vraiment très bonne et bienvenue pour nous réchauffer :).

23:45, nous quittons le Trollfjord…