12 août : escale à Uummannaq et balade au Red Desert - Akia

Traduction d'un extrait du programme du jour : Uummannaq est le nom de la ville, de la montagne, et de l'île que nous visitons aujourd'hui. Depuis un certain point, la montagne haute de 1175 mètres ressemble à un cœur. 1 500 personnes vivent ici. La pêche et la chasse sont les principales sources de revenus.

12 août : première séance photo entre 4 h 50 et 5 h 10 environ. Le Fram navigue près de la côte montagneuse sous un ciel relativement couvert qui donne une belle lumière sur le fjord et les icebergs.

Deuxième séance photo 2 heures plus tard : le ciel est plus dégagé et il y a déjà pas mal de monde sur le pont... L'heure du petit déjeuner approche et on arrive bientôt à Uummannaq, vite au restaurant ! 7 h 50, ça y est, le Fram est à l'arrêt devant Uummannaq et sa montagne caractéristique.

Bientôt 8 h 30, temps magnifique, c'est d'une beauté ! En plus, il fait doux (13° annoncé tout à l'heure). La montagne, les maisons colorées du village, les icebergs, certains énormes et joliment façonnés devant lesquels passent 2 ligneurs de 8 à 10 m, tout concourt à une sensation de bien-être et de sérénité sous la belle lumière des hautes latitudes.

Nous débarquons à Uummannaq à 8 h 50 : c'est dimanche et le port est bien rempli de canots mais aussi d'un growler échoué : flic flac, flic flac, il fond et les gouttes en tombant génèrent des ronds à la surface très bien mise en couleur par la lumière et la glace immergée en dessous.

Cinq minutes après avoir débarqué, j'assiste à la chute d'un gros sérac d'un des icebergs échoués à quelques centaines de mètres du port. Bien sûr, la chute génère une vague mais sans commune mesure avec le "tsunami" survenu en 1995 dont vous pouvez voir une vidéo en pop-up ici.

Devant l'église, la seule construite en pierre actuellement au Groenland (du granite), il y a 2 ou 3 anciennes "maisons" en tourbe : les plaques de tourbe sont empilées autour et au-dessus d'une structure en bois afin d'assurer l'isolation thermique. L'une d'entre elles est accessible… Attention à la tête en entrant. A l'intérieur, des ustensiles et mobiliers encore utilisés il n'y a pas très longtemps. Je visite assez rapidement l'église avant l'office de 10 H. On nous avait informé que des villageois viendraient à l'église en habits traditionnels... En fait je n'en ai pas vu... Dommage.

Donc, je ne reste pas très longtemps autour de l'église et je vais visiter le musée qui présente comme hier à Qeqertarsuaq les outils et ustensiles de la vie de tous les jours d'il y a quelques décennies ainsi que pas mal d'animaux naturalisés. A l'extérieur, un umiaq (l'umiak est nettement plus grand que le kayak et il n'est pas ponté comme ce dernier. Construit d'une structure de bois recouverte de peaux de morses ou de phoques barbus, il sert à tranporter les familles et leurs bagages lors des déplacements, ce sont alors les femmes qui le propulsent au moyen de rames. Pour la chasse à la baleine, les hommes utilisent par contre des pagaies à une pelle) est entreposé sous un abri : je photographie les coutures entre les peaux de morse encore suintantes de graisse. Pas beaucoup de chiens ici... Sans doute sont-ils à l'extérieur du village.

Nous continuons notre balade en montant sur un petit promontoire dominant d'un côté le port et de l'autre côté le fjord vers le large. Les immenses icebergs échoués [?] devant le port luisent sous le soleil. L'un d'entre eux a une apparence vraiment peu naturelle : une grande paroi haute de plusieurs dizaines de mètres, circulaire sur 240° environ, on dirait une arène dont un des côtés s'est effondré.

Ensuite, je me balade autour du port que je photographie sous différents angles avec la montagne en forme de coeur de phoque (d'où le nom du village) en arrière-plan. Je photographie aussi le Fram qui parait tout petit à côté des icebergs. Bien qu'on soit dimanche, il y a quand même des mouvements dans le port : parfois un homme seul dans sa barque, parfois toute une famille. Avant de rejoindre le bord vers 10 h 30, je photographie la rencontre d'un Groenlandais sur sa barque et d'un Philippin sur son polar cirkel boat sortant du port sur fond d'icebergs... Je trouve pas mal leurs silhouettes se détachant à contre-jour.

Je rejoins donc le bord afin de pouvoir déjeuner dès 11 heures pour être prêt à midi à partir en excursion. En attendant l'heure du déjeuner, je... passe par le jacuzzi. "Encore une journée géniale, c'est vachement bien" ai-je enregistré sur mon dictaphone "l'eau est calme, c'est zen, y a pas de bruit, de temps en temps le bang des glaciers ou des icebergs qui craquent, c'est d'une beauté !".

Donc déjeuner express entre 11 h 30 et midi pour partir au "red desert safari" à 12 h 30. Je profite de ce départ en excursion pour photographier encore le Fram devant Uummannaq, près des icebergs (enfin, pas trop près, la perspective est trompeuse). Il est vraiment beau, le Fram, je trouve, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ! L'excursion commence par une navigation d'une heure environ le long d'une île évidemment rouge. En fait, la couleur des roches passe par toutes les nuances d'ocres contrastant magnifiquement avec la mer, le ciel où quelques nuages élevés font leur apparition mais aussi les icebergs et les growlers. Avant d'atteindre notre but, nous passons notamment à proximité d'un iceberg aux courbes vraiment élégantes. Nous arrivons donc à destination à 13 h 45 et descendons à terre par une planche faisant office de coupée. Bien sûr, le sable rouge m'intéresse au plus haut point et je commence par en remplir un petit flacon en plastique. Après le sable noir de Qeqertarsuaq d'hier, celui d'aujourd'hui contrastera nettement ! On se croirait presque sur la Lune quand on regarde vers le centre de l'île : c'est vraiment un paysage uniquement minéral, un camaïeu d'ocres, parfois du sable, parfois comme des coulées de boue durcie, parfois des taches blanches de sel qui s'étale à la surface du sol. Il y a toutes sortes de minerai ici et l'exploitation de ceux-ci a été envisagée. Le Groenland est constitué des (presque) plus vieilles roches de la Terre. A un moment de notre cheminement, les guides nous font soulever ou passer de l'un à l'autre des cailloux de 20 cm de long sur 10 à 15 cm de large et de haut (je n'ai pas mesuré...). Surprise, ils sont nettement plus lourds que ce à quoi nous nous attendions en les voyant : la densité est vraiment très importante. Bien que nous soyons sur un terrain aride (certes, la mer n'est pas très loin), j'écrase quelques moustiques vraiment entreprenants et il n'y a qu'ici que je me ferai piquer... Avec modération toutefois.

Ce paysage se prête vraiment bien à la photo avec ses couleurs, ses contrastes sous la très belle lumière de cet après-midi.

Vers 15 h 10, nous embarquons pour le retour que je trouve plus intéressant que l'aller... Peut-être parce que nous naviguons plus près du rivage ? A un moment, nous faisons un arrêt dans une toute petite anse surplombée par une falaise de plusieurs centaines de mètres de haut. A une dizaine de mètres au-dessus de la mer, des nids de [?] sont accrochés à la falaise. Ils ressemblent en plus grand aux nids en boue durcie construits par les hirondelles sous les toits des maisons.

Peu avant d'arriver à Uummannaq, nous croisons la route de 2 baleines mais très loin de la vedette. Vers 16 h 15, nous sommes à bord et une heure plus tard, le Fram lève l'ancre sous un ciel qui s'est couvert et pas très favorable aux photos (ciel blanc).

20 h, route au 101° à 14 noeuds, nous sommes à 70° 55' nord et 53° 43' ouest. Nous avons parcouru 540 milles depuis Kangerlussuaq et 35 milles depuis Uummannaq et nous sommes à 322 milles de Kulorsuaq. Il fait 8,8° Celsius, 86 % d'humidité... On est dans la purée de pois... 1013 hPa, vent de 10 noeuds du sud-ouest.